Nous sommes face à une double crise sanitaire et économique, toutes les 2 d’ampleur majeure. Toutes 2 sont liées à la mondialisation libérale.
Le monde entier savait qu’une pandémie arriverait un jour ou l’autre. Ce 1er article fait le point au 22 avril.
Une crise économique majeure devait aussi intervenir un jour ou l’autre. Un plan d’austérité d’ampleur inégalée est annoncé par le gouvernement.
Nous y reviendrons car l’information de la population, le débat, sont nécessaires à la constitution du rapport de forces.
1ère partie : aux origines de la pandémie
L’espèce humaine à la merci d’un virus ou d’une bactérie.
La pandémie en cours met au 1er plan la vulnérabilité de l’espèce humaine. La gravité de Covid 19 croit avec l’âge. Une mutation, un autre virus, une bactérie, pourraient être mortels pour les enfants, pour tous les âges.
De nombreuses espèces disparaissent. Nous pourrions en faire partie.
Le monde entier savait qu’il y aurait une pandémie un jour ou l’autre.
2000 : quatre coronavirus étaient connus comme transmissibles aux humains.
2002 – 2003 : Epidémie de SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère).
2004 : Grippe aviaire H5N1
2005 : rapport du député Jean‑Pierre Door et de la sénatrice Marie-Christine Blandin : « Notre crainte aujourd’hui est liée à l’apparition d’un virus H5N1 qui pourrait aboutir à une pandémie au moins aussi redoutable que la grippe « espagnole » survenue en 1918, qui a tué 24 millions d’individus en quelques mois, soit quatre fois plus que les pertes civiles et militaires de la Grande Guerre »
2008 : CIA : «L’émergence d’une maladie respiratoire humaine hautement transmissible et pour laquelle il n’y aurait pas de contre-mesure adéquate pourrait déclencher une pandémie mondiale»
2009 : épidémie de H1N1
2012 : épidémie Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient)
2013 : épidémie Ebola
2014 : Bill Gates : « le monde est prêt pour une guerre, pas pour une pandémie »
2017 : Bill Gates juge « probable » une catastrophe à l’échelle du globe qui laisserait derrière elle des dizaines de millions de morts… ».
2017 : OMS « La résistance aux antibiotiques augmente et nous épuisons rapidement nos options thérapeutiques. »
2018 : sommet de Dubaï : « le directeur général de l’OMS parle de la possibilité d’une pandémie faisant 100 Millions de morts à laquelle l’humanité n’est pas encore préparée ».
2019 Forum économique mondial : « nous savions que nous n’étions pas prêts »
2019 : Pandémie Sars- Cov-2
Pourtant on a continué à détruire la recherche publique et les systèmes de santé.
C’est particulièrement le cas en France, qui selon l’OMS avait le meilleur système de santé du monde en 2000.
Privatisations, externalisations au privé et à l’étranger, manque de moyens à l’Institut Pasteur et à la recherche publique, 100 000 lits supprimés, des coupes budgétaires tous les ans, manques criants de personnels, de surcroît honteusement sous-payés !!!
Le libéralisme, les privatisations, tuent
La Tribune : « Pour ces spécialistes (Yale, CNRS,…) si la recherche sur les coronavirus avait continué de façon assidue depuis 2002, on aurait peut-être aujourd’hui un médicament capable de s’attaquer à la maladie Covid19 ».
OMS : « Si on laisse faire le marché, les nouveaux antibiotiques (*) dont nous avons le besoin le plus urgent ne seront pas mis au point à temps. »
(*)Les bactéries résistantes font déjà 33 000 morts par an en Europe, 35 000 aux USA
Une recherche publique peut être dégagée de considérations de rentabilité à court ou moyen terme. Pas les multinationales : elles sont tenues de délivrer les dividendes chaque année (Sanofi 3,9 Md cette année), donc d’investir en fonction de la probabilité de profit.
Et si maintenant on trouve un vaccin, un traitement ?
Question posée dans l’émission C’Dans l’Air : si un laboratoire trouve un vaccin le donnera t’il au monde ? Eclat de rire général sur le plateau. Il sera vendu aussi cher que possible !
L’absence de prévention (nous) coute cher
Elle nous coûte en nombre de morts, mais pas seulement.
Bill Gates 2017 : « Le coût global de la préparation à une pandémie est estimé à 3,4 milliards de dollars par an. La perte annuelle qu’une pandémie provoquerait pourrait atteindre 570 milliards ». La prévention fait partie de tous les discours, de tous les textes de loi, jamais des budgets. Actuellement le cout de la pandémie se compte en milliers de milliards de dollars…qu’on va demander aux peuples de rembourser !
2ème partie : la gestion calamiteuse de la pandémie
En janvier on savait qu’on avait affaire à une pandémie grave.
Y compris D Trump, B Johnson, E Macron, qui tentent de se dédouaner …contre la Chine.
- Selon des médias américains, l’administration Trump aurait été mise au courant dès la fin du mois de novembre d’un « risque de cataclysme » dû au coronavirus.
- Fin décembre – Janvier : répression des médecins lanceurs d’alerte de Wuhan, CIA le 3 janvier…. Les épidémiologistes d’Imperial College ou d’Harvard avertissent de la contagiosité extrême et de la létalité non négligeable de Covid-19.
- Mi- janvier : l’Allemagne réagit; 23 janvier : la Chine confine 50 millions de personnes.
- Mi-février : les bourses chutent lourdement , des multinationales lancent un programme de recherche de vaccin
Réponse mondiale chaotique. 3 stratégies : arrêter l’épidémie, l’ignorer, l’étaler.
- La Chine, l’Asie, prennent des mesures strictes pour tenter d’arrêter l’épidémie.
Lorsque la Chine arrête ses exportations de masques, TaÏwan quadruple sa production…
- Boris Johnson, Donald Trump, veulent ne rien faire.
Ils privilégient Wall Street, « l’immunité collective », en clair attendre que l’épidémie s’arrête toute seule.
Leur nouveau concept fait froid dans le dos : qu’il y ait des centaines de milliers de morts, c’est acceptable car c’est un faible % de la population.
Trump déclare que s’il y a moins de 100 000 morts « il aura fait un bon boulot ».
- En France on minimise, puis on cherche à étaler l’épidémie…jusqu’à ce qu’elle s’arrête toute seule (ou qu’on ait un vaccin ou un médicament).
Minimisation : « C’est pas grave, c’est une grippe,… ». Et puis la France c’est toujours un peu Tchernobyl / Astérix: le virus ne parviendra pas en France, on arrêtera les « cas 0 »…
Lorsque la situation devient alarmante, l’objectif se réduit à étaler l’épidémie en fonction des capacités de l’hôpital, ce qui peut être long.
Le chaos mondial a des conséquences dramatiques.
D Trump, B Johnson, ont été obligés par les soignants, par la population,…de revenir en arrière, mais tardivement. Les retards, le chaos, feront durer la pandémie beaucoup plus longtemps, augmentant dramatiquement le nombre de morts, décuplant les conséquences économiques. Or l’austérité, les inégalités, tuent aussi : la mondialisation libérale dans toute son horreur !
L’Europe qui ne protège pas.
Pour ses thuriféraires l’union européenne « n’était pas aux abonnés absents » car « elle n’a pas la compétence santé ». Contre-vérité.
- « L’Union dispose d’une compétence pour mener des actions pour appuyer, coordonner ou compléter l’action des États membres…(pour) a) la protection et l’amélioration de la santé humaine… « (traité européen)
- En 2003, lors de l’épidémie de SRAS, l’Union européenne a lancé de grands programmes de recherche. Elle s’en est désengagée dès 2006.
- « À 63 reprises, entre 2011 et 2018, la Commission Européenne a recommandé aux États membres de l’Union Européenne de privatiser certains pans du secteur de la santé ou réduire les dépenses en matière de santé » (CGT 10 avril)
En France tout est « inutile » !
En France à l’exception des mesures barrière tout est déclaré « inutile », entraînant malheureusement des scientifiques, des experts, des médecins, dans ces mensonges d’Etat.
- Contrôle de la température des passagers aux aéroports : « inutile ».
- Fermeture des frontières, des lignes aériennes,… :» inutile »
- Large usage des tests : « inutile »
- Les masques pour la population : à l’exception des soignants, « inutiles » et même « dangereux » (Sibeth Ndiaye, A Pannier-Runacher,…) ; J Salomon : « c’est contre la tradition occidentale » (chrétienne ?)
- …
Rapport parlementaire Door- Blandin, 2005, après l’épidémie de H5N1 :
« Il serait souhaitable de disposer de modèles extrêmement efficaces mais relativement coûteux ». La mise à disposition de masques en nombre suffisant aurait certainement un coût très élevé mais, en même temps, aiderait à limiter la paralysie du pays. Vu sous cet angle, il convient de relativiser le coût ».
Que ne les a-t-on écoutés ! Que ne les écoute-t-on pas !
La France qui a pris le tournant de l’Europe libérale en 1983 manque de tout :
Il manque de personnels, de lits, d’écouvillons, d’anesthésiques, de respirateurs, de masques, de tests, de recherche,…
Et en plus elle manque de réactivité, prend des demi-mesures contradictoires, les matchs de foot,…E Philippe demande de se confiner pendant que M Pénicaud demande d’aller travailler…M Buzyn finira par avouer une partie de la vérité.
Désindustrialisation, casse des services publics, de la protection sociale : la conception libérale de l’Etat des Milton Friedmann, Reagan, Thatcher,…
Médicaments : Il y a trente ans, 80 % des médicaments consommés en Europe étaient produits sur place ; aujourd’hui, c’est seulement 20 %. La France était 1ère, elle est 4ème. La Sécu c’est plus de 80 % du chiffre d’affaire de Sanofi.
Masques : La pénurie c’est le choix des gouvernements d’économies minimes, les externalisations généralisées, le transfert de ses responsabilités sur les entreprises,…
C’est l’État qui se rétrécit au domaine régalien, à la répression des syndicalistes, des manifestants, qui protestent contre les privatisations, la casse des services publics, de la protection sociale, du droit du travail…, qui luttent pour un monde meilleur.
Difficulté des salarié-e-s en activité et des retraité-e-s à être protégés
Il a fallu beaucoup de temps et de mobilisation pour que les soignant-e-s en 1ère ligne aient, et encore insuffisamment, les matériels de protection indispensables. Encore plus dur en EHPAD, en soins à domicile, et ça se voit dans les chiffres. Il faut encore beaucoup de mobilisations dans de nombreuses entreprises. Quant aux retraités rien de prévu.
Offensive contre les salarié-e-s jusqu’à fin décembre …et au-delà
Communiqué des UD CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, CGC, CFTC, UNSA 93 (14/04)
« Nous dénonçons les ordonnances qui découlent de la « loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 ». Ces ordonnances ne sont pas destinées à faire la « guerre » au Coronavirus mais bien aux droits des salariés, en s’attaquant brutalement à leurs congés payés et à leurs jours de repos dans toutes les entreprises. Elles permettent aux employeurs de certaines entreprises d’imposer à leurs salariés des journées de 12h de travail, des nuits de 12h de travail et des semaines de 60h de travail. Ces ordonnances qui répètent à longueur d’alinéas « l’employeur peut imposer » sont faites pour répondre aux besoins du patronat, pas aux besoins de la population. D’ailleurs, elles ont une durée de vie qui peut aller jusqu’au 31 décembre 2020,……Nous exigeons le maintien de toutes les dispositions du Code du travail en matière de congés payés, de jours de repos ainsi que de durée du temps de travail, et exigeons le retrait immédiat de ces ordonnances….
Ces ordonnances sont appliquées: suppression de jours de congé, de RTT,…
11 mai : le choix de l’économie, du CAC 40, dans le chaos
En confinement on est toujours sur « un plateau très élevé », en baisse lente, mais encore entre 15 000 et 20 000 décès par mois. La France est dans le peloton de tête en % des décès par rapport à la population, dont une forte mortalité en EHPAD, moins connue à domicile.
Personne ne connaît la situation sanitaire au 11 mai mais la décision est prise.
Les infectiologues craignent une 2ème vague encore plus élevée. Pourtant Le gouvernement est toujours incapable de protéger l’ensemble de la population, de fournir les masques, les tests. E Philippe et O Véran le 19 avril ont laissé bien des points dans le flou pour les actifs, pour l’école. Quant aux personnes âgées ou fragiles (grande majorité des décès) faute de masques réellement protecteurs, on leur « recommande » de rester confinés ou de prendre « librement » un risque vital pour eux même et leur conjoint(e).
Le gouvernement est plus clair pour l’austérité à perpétuité, nous y reviendrons :
Bruno Le Maire : « le redressement économique sera long, difficile et coûteux. Il demandera des efforts de la part de tous les Français… Sur le long terme, il est nécessaire de disposer de finances publiques saines et de réduire la dette »
Pas d’autre choix que de lutter tous ensemble !