Mardi 28 mai 2024, les organisations syndicales des cheminots français, appuyées par la Fédération syndicale européenne des travailleurs des transports (ETF) ont décidé d’organiser une euro-manifestation à Paris. Celle-ci se situera à quelques encâblures du scrutin européen du 09 Juin 2024, ce qui lui confère une importance particulière pour peser sur les choix et orientations qui en découleront pour l’avenir, en matière, entre autres, de politique des transports.
Au-delà des questions socio-économiques qui seront posées dans cette manifestation, le fil rouge portera surtout l’exigence de mettre un terme à la libéralisation du secteur ferroviaire qui a déjà fait tant de dégâts au plan social et environnemental notamment, en démantelant les entreprises publiques historiques de chemin de fer. Inscrites dans les différents traités européens, les réformes affectant le secteur ferroviaire depuis plus de 30 ans, à coups de paquets « rail », de directives et règlements de libéralisation, ont eu pour objet de démanteler les « monopoles publics » afin comme le précisait le mémorandum de l’UE de 1961, d’éliminer les obstacles à une « concurrence saine ».
Ces politiques dogmatiques de tout libéraliser, prélude aux privatisations partielles ou totales, ont concerné et affectent toujours l’ensemble des Services Publics qui sont jugés comme étant des freins au « tout marché ». Le Service Public, choix de société, choix de civilisation, demeure un enjeu entre le Capital et le Travail ou l’opposition entre la rentabilité financière tout azimut et l’efficacité socio-économique visant l’intérêt général. Le Service public n’est pas simplement prestataire de biens et de services mais il est aussi producteur de lien social et de citoyenneté. En matière de transport, il est constitutif d’une politique d’aménagement du territoire, de développement des mobilités, vecteur d’attractivité économique et gage de cohésion sociale et territoriale.
Avec ces politiques néolibérales, provoquant la fermeture en territoires des hôpitaux, des maternités, des bureaux de postes, des perceptions, des gares, des boutiques SNCF, des agences EDF, on met à mal l’égalité d’accès et de traitement, la cohésion sociale, la solidarité où les citoyens-es considèrent qu’ils sont abandonnés par l’État, déclassés, relégués comme des citoyens de seconde zone.
Au moment où plusieurs Pays européens font le choix, sous la pression des opinions publiques, de reprendre en gestion publique des activités ferroviaires, confiées préalablement au privé, la France pousse les feux de l’ouverture à la concurrence et pire, elle s’empresse de démanteler et liquider l’activité transport de marchandises par trains.
Cette opération de casse fait suite à une procédure formelle d’examen par la Commission européenne contre l’État Français, relative au soutien financier dont FRET SNCF aurait bénéficié sur la période 2007-2019 qui serait contraire au code européen de la concurrence !
Le plan de « transformation » qui en découle, conduira très vraisemblablement à une faillite du transport ferroviaire de marchandises en France et portera un coup fatal à l’opérateur public au moment où on en aurait tant besoin pour réaliser une véritable transition écologique et énergétique. La commission d’enquête parlementaire visant à évaluer les conséquences de la libéralisation du Fret ferroviaire a, dans son rapport très critique, estimé que « l’ouverture à la concurrence a fortement contribué au déclin du transport ferroviaire de marchandises ».
L’HEURE EST GRAVE ! IL Y A URGENCE A RÉAGIR pour stopper ces stratégies mortifères et imposer d’autres choix, permettant de maintenir et de développer le transport public de marchandises par trains.
En conséquence de quoi, dans le prolongement des journées de mobilisation de Lure de Mai 2023 et du Colloque du 16 décembre 2023 à Paris portant sur les enjeux européens, la Convergence Nationale des Collectifs de défense et de développement des Services publics et la Convergence Nationale Rail appellent à participer massivement à la Manifestation nationale des cheminots à Paris le 28 Mai 2024.